Retrouver vos souvenirs d'enfance

 

Vous allez commencer à écrire votre autobiographie, mais votre esprit semble accaparé par les expériences de la jeunesse et de la vie d’adulte, laissant comme un blanc sur les années de l’enfance.

 

Comment raviver des scènes vécues pendant ces premières années de vie ?

 

 

 

 

 

L’adulte en devenir

La plupart des auteurs, intellectuels, personnages politiques ou capitaines d’industrie, relatent les grands épisodes de leur enfance lorsqu’ils rédigent leurs mémoires, dans le but de partager avec le lecteur la genèse d’une vocation, d’une pensée ou l’étincelle qui a fait d’eux ce qu’ils sont devenus.

Pour vous aussi, il est intéressant de revisiter ces premières années lorsque vous écrivez vos souvenirs, ou lorsque vous les racontez à votre biographe. Ces images de l’enfance vont éclairer la suite de votre existence de manière vivante et vos lecteurs y puiseront le plaisir de vous découvrir à l’aube de votre parcours.

 

Pourtant vous hésitez à retracer cette enfance, socle où s’ancre l’aventure de votre vie, pour en faire le récit. Ces souvenirs vous paraissent enfouis dans un flou que vous préférez résumer par une belle analyse sociale et culturelle sans entrer dans une remémoration précise.

 

Les références de l’enfant

La première difficulté à franchir réside dans le rapport au temps. L’adulte se souvient du passé en s’appuyant sur la chronologie, trame cohérente de laquelle jaillissent les réminiscences.

Or, la notion même de temps est généralement un concept vague dans l’esprit des enfants dont les expériences se gravent dans la mémoire autobiographique en suivant d’autres logiques. C’est pourquoi l’approche temporelle constitue parfois un frein au récit des souvenirs d’enfance, d’où la nécessité de trouver d’autres portes d’entrée.

 

Revisiter les lieux

Le poêle de la cuisine par une matinée d’hiver, la place Bellecour lors d’un rendez-vous avec des cousins, l’étable d’une ferme chez des grands-parents, leur jardin au moment de la cueillette des haricots, la salle de classe un jour de rentrée scolaire, le marché de la Croix-Rousse, le Parc de la Tête d’Or ou le kiosque Peynet lors d’une promenade dominicale…

Nombreux sont les exemples de souvenirs détaillés venus de la toute petite enfance qui ressurgissent comme un éclair à l’évocation d’un lieu. Les scènes mémorisées durant la première jeunesse sont très souvent associées à un espace, un bâtiment, une pièce, un paysage à hauteur d’yeux du tout-petit. Inscrites dans la mémoire autobiographique, elles fusent au gré des associations d’idées en donnant à l’adulte l’impression de revivre ce moment du passé. Le souvenir est particulièrement vivant car il est inscrit dans la mémoire avec une conscience personnelle d’en être l’acteur principal ; le contexte, l’environnement et les personnages s’y dessinent généralement avec une grande précision.

Vous ranimerez plus facilement ces souvenirs d’enfant en revisitant des endroits familiers de vos jeunes années. Se promener sur le chemin de l’écolier que vous étiez, dessiner les pièces de la maison de vos grands-parents, parcourir les photos de famille à la recherche de lieux évocateurs sont autant de moyens pour rappeler des souvenirs d’enfance en vous appuyant sur des lieux.

 

Goûts et attachements

Comme la vue et le goût de la madeleine réveillent les souvenirs d’enfance de Proust, le kalouga lyonnais, les sandwichs au cresson de Chorliet, la caillette ardéchoise ou d’autres mets et friandises seront vos guides pour retrouver des joies ou des peines enfantines et des moments particuliers de la vie de famille.­­

La mémoire est perméable à l’approche sensorielle, elle imprime des saveurs, des odeurs attachées à des scènes de la vie personnelle blotties dans les souvenirs d’enfance. Suivre quelques-unes de ces pistes vous aidera à accéder à ce passé pour le raconter.

 

Le témoignage d’affection ou la dureté de cœur de certains proches marquent les premières années d’une empreinte parfois indélébile car l’ancrage des souvenirs s’accroche aux liens d’amour qui donnent un sens à l’existence.

Dans cette quête pour reconstituer les grandes lignes de votre enfance, s’arrêter sur les relations avec quelques personnes importantes vous permettra de raconter au lecteur des épisodes significatifs de votre parcours.

 


 

Biographe à Lyon et dans le Sud-Est, j’accompagne les narrateurs et narratrices dans ce recueil de souvenirs. Nous retrouvons ensemble les grandes lignes des expériences, de l’éducation reçue, des liens tissés pour en écrire un récit palpitant où l’enfance y tient la place que chacun souhaite lui donner.


Cet article s’appuie sur les communications du colloque Mémoires d’enfances, Sorèze (19-20 octobre 2019) et sur l’ouvrage de Francis Eustache et Béatrice Desgranges « Les chemins de la mémoire » (INSERM, Le Pommier, 2012).

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